clin d'œil féminin

Beaucoup de préjugés, de prétentions, de divagations et de mensonges ont désorienté les femmes et les hommes

Paroles de femmes

**Paroles de femmes, paroles d’homme!

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*«Parole aux femmes». Entre tradition, religion et modernité

*Congrès international à Oran et Mostaganem-du 27 octobre au 2 novembre 2014 

      au Centre des conventions d’Oran. 

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Déconstruire toutes les fausses vérités cumulées au sujet de la femme pour lui permettre de se réapproprier son histoire, son droit et sa dignité.»

Voilà un grand thème qui sera au centre des discussions lors d’un congrès international qu’abriteront Oran et Mostaganem, du 27 octobre au 2 novembre prochains. Plus de 3000 participants qui viendront des quatre coins du monde sont attendus pour prendre part à cette rencontre planétaire placée sous le thème «Parole aux femmes». La question de la femme entre tradition, religion et modernité sera au cœur des débats soulignent la Fondation Djanatu Al Arif et l’ONG internationale AISA, organisateurs de cet événement. Pour préparer  ce congrès, ces deux ONG s’appuient sur leurs réseaux de délégués activant en Algérie, Allemagne, Belgique, Canada, France, Maroc et en Suisse.

Paroles de femmes

La rencontre sera organisée sous la présidence d’honneur de cheikh Khaled Bentounes, guide spirituel de la voie soufie Alâwiyya dont le centre est basé à Mostaganem. Il est le président fondateur de nombreuses associations implantées au Maghreb, en Europe et partout dans le monde.
Des universitaires, des islamologues, des juristes, des militantes et des militants féministes de plusieurs pays, échangeront leurs points de vue lors de ce congrès qui se veut   «un espace de réflexion autour de l’énergie féminine porteuse de paix». «Tous les jours nous sommes assaillis par des informations et des images de conflits, de violences et de misère, conséquences du comportement insensé d’êtres humains. Et pourtant le désir de paix n’a jamais été aussi grand. Notre humanité doit réagir et s’orienter vers cette alternative qui s’offre à elle comme une opportunité : la société du mieux-vivre ensemble», plaident les organisateurs.

Pour ces derniers, «la question féminine est un nouvel enjeu dont l’ampleur va bien au-delà des frontières géographiques, culturelles, sociales et religieuses et qui passe impérativement par la culture de paix». «Pour contribuer à relever ce défi, nous nous appuyons sur cet héritage de sagesse millénaire de la tradition du soufisme, cœur de l’islam, et notre implication constante depuis de nombreuses années dans le domaine de la paix, du vivre-ensemble, du dialogue interculturel et interreligieux», est-il encore expliqué. «Conformément à la 18e recommandation du centenaire en 2009 de la voie soufie Alâwiyya qui appelle à promouvoir la réflexion pour la création d’un mouvement féminin international, force vive qui porte l’islam de demain, nous organisons ce congrès, une première mondiale», indiquent ces ONG.

Le but est de «construire une société où hommes et femmes sont égaux et responsables dans leurs rôles pour que l’humain en nous retrouve sa dignité, son équilibre et sa créativité», ajoutent les organisateurs. La rencontre veut également «dévoiler des vérités sur le statut de la femme dans l’islam pour qu’elle se réapproprie son histoire, son droit et sa dignité». «Depuis des années, les stéréotypes du féminin-masculin sont ancrés dans l’imaginaire collectif, malgré une évolution notable des mentalités. Ils reflètent l’image rigide et réductrice de la femme à ses seules apparences, créant un déséquilibre de l’être, de la société et une opposition de genres qui s’accentue», estime AISA, partenaire accrédité auprès de l’ONU doté d’un statut consultatif spécial attribué par un comité de 60 Etats membres de l’ONU. AISA est réputée posséder une expertise qui intéresse l’ONU sur les questions spirituelles, le rôle des organisations spirituelles et religieuses dans la gouvernance mondiale, la paix, les questions de genre, le développement social, l’éthique et l’environnement.*El Watan-samedi 13 septembre 2014

**Voir en imagesLa femme dans tous ses états.4

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****Ouverture du Congrès

L’Algérie accueille du lundi 27 octobre au samedi 1er novembre à Oran et à Mostaganem, le premier Congrès international féminin pour une culture de paix.

Cet événement est le premier, d’une telle ampleur, consacré aux femmes et aux sujets de la paix, dans l’espace musulman. Ce congrès international qui a pour thème : »Parole aux femmes » est aussi un acte de reconnaissance et de solidarité de (et avec) la part féminine de l’humanité, mise à mal et en souffrances dans beaucoup d’endroits du monde.

Il exprime une volonté remarquable de certaines composantes des sociétés arabo-musulmanes, de porter les idéaux d’ouverture, de vivre ensemble dans la paix et d’améliorer certaines situations [de trouble].

« Les événements qui occupent l’actualité nous démontrent qu’il faut réaliser des changements en profondeur dans notre façon de vivre ensemble. Provoquer des changements durables doit passer par l’éducation et c’est l’une des raisons pour lesquelles les femmes ont un rôle si important à jouer dans l’établissement d’une culture de paix », a affirmé le Cheikh Khaled Bentounès, leader de la confrérie soufie Alawiyya, un des organisateurs de ce congrès.

Selon lui, ce sont les femmes « qui transmettent les valeurs d’égalité, de compassion et de coopération. Elles doivent intervenir dans le débat d’idées dès maintenant pour construire les fondements de la culture de paix ».

Le premier Congrès international féminin est organisé à l’initiative de l’ONG Aisa, qui a le statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social de l’ONU, et de la fondation Djanatu Al-Arif, dédiée au développement durable,

Les autorités algériennes se sont fortement impliquées dans cet événement, sur le plan de la sécurité, mais aussi sur celui de la participation effective aux travaux et échanges.

Pas moins de 54 intervenants et 3.000 congressistes sont attendus, en provenance du monde entier. Ils s’exprimeront et débattront avec le public autour de 5 axes : Regards croisés, Ethique et Education, Tradition et modernité, Voilement et dévoilement, Féminin et culture de paix.*Agences: 27/10/2014 

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	Une des intervenantes au Congr&egrave;s international f&eacute;minin qui se tient depuis hier &agrave; Oran.  » src= »http://www.elwatan.com/images/2014/10/28/actu4_2478790.jpg » /></p>
<p><strong><span style=*Construire le vivre-ensemble

Le Congrès international féminin, qui se tient depuis hier à Oran sous le slogan «Parole aux femmes, pour une société de paix», connaît un franc succès vu le nombre impressionnant de participantes et de participants qui y ont afflué des quatre coins du monde pour prendre part à ce rendez-vous planétaire. L’auditorium du Centre des conventions a été pris d’assaut, dès les premières heures de la matinée, par «plus de 3000 congressistes», selon les organisateurs, la fondation Djanatu Al Arif et l’ONG internationale AISA.

Ce sommet mondial, prévu durant quatre jours, est le premier du genre à être organisé dans le monde musulman. Son but est de «promouvoir la nécessaire équité entre les hommes et les femmes, socle indispensable de la construction de la paix», a déclaré cheikh Khaled Bentounes, président d’honneur de ce congrès, dans un discours prononcé à l’ouverture des travaux. Dans la foulée, cet écrivain, pédagogue, conférencier et guide spirituel de la confrérie soufie Alawiya a annoncé «le lancement d’une pétition pour l’instauration d’une journée mondiale symbolique de la paix». «Il est urgent que nous réfléchissions ensemble à construire la société du vivre-ensemble. Laissons les graines de la paix germer pour les générations futures. Nous souhaitons et nous véhiculons le désir de paix», a lancé ce fondateur de nombreuses associations implantées au Maghreb, en Europe et dans le monde dans le but de promouvoir la paix.

«Il y a une année, ce congrès était un rêve. Aujourd’hui, c’est une réalité. Nous avons tenu à l’organiser pour prôner la notion du mieux vivre-ensemble», poursuit-il.Lui succédant à la tribune, Mohamed Ali Boughazi, conseiller du président Bouteflika, a prononcé une allocution de soutien à cette initiative, ce congrès étant placé sous le patronage du chef de l’Etat. Fatma Oussedik, que nous avons interrogée, a lancé un appel pour «l’abrogation du code de la famille, un texte synonyme de déni des droits fondamentaux de la femme». Cette sociologue réclame également une meilleure insertion des femmes dans le monde du travail.

Vecteur de paix

«Seules 17% des femmes sont actives en Algérie. L’accès au travail reste très difficile pour les femmes», dénonce-t-elle. Cette chercheure dans le domaine de l’identité, du statut de la femme dans le Monde arabe et musulman et le multiculturalisme dans le monde méditerranéen, animera aujourd’hui des communications intitulées «Tradition et modernité, quand l’une enrichit l’autre» et «Transmission des coutumes et traditions aujourd’hui». Dans la matinée d’hier, Valérie Colin-Simard (France), auteur de sept livres dont le dernier, Masculin, Féminin, la grande réconciliation, a évoqué «La réconciliation du féminin et du masculin comme vecteur de paix». «Aujourd’hui en Occident, au moins sur le plan des principes, la femme est l’égale de l’homme. Mais, il n’en est pas de même des valeurs du féminin : compétition, chiffres, intellect sont mis sur un piédestal, souvent au mépris de nos émotions, de notre créativité, de notre vie. Ce modèle nous convient-il toujours ?» s’interroge-t-elle.

«Dans le monde du travail, poursuit-elle, bien des hommes découvrent que les valeurs féminines que sont l’écoute, l’empathie ou la coopération, alliées à leurs valeurs masculines, leur donnent du charisme, améliorent leurs performances. Tandis qu’à trop vouloir suivre les seules et uniques valeurs du masculin d’efficacité et de productivité, bien des femmes s’épuisent.» «Nous tous, hommes et femmes, avons trop souvent oublié la puissance des valeurs du féminin. Nous avons maintenant besoin d’une vision plus vaste, qui innove et ouvre les frontières», plaide-t-elle.

«Ce nouvel équilibre entre valeurs du féminin et du masculin est essentiel pour nous permettre de comprendre la crise que nous traversons. Il est peut-être le problème le plus urgent de notre temps et l’enjeu crucial d’un nouveau combat qui vise à libérer non seulement les femmes mais aussi les hommes. Pour devenir des êtres humains à part entière, masculin et féminin à la fois. Et entrer dans l’ère de la réconciliation», conclut-elle.

Libérer les femmes pour libérer les hommes

De son côté, l’islamologue tunisien Youssef Olfa, chercheur dans la pensée religieuse, le dialogue des civilisations et la question des femmes, a présenté une communication intitulée «Féminin : être ou paraître ?»
L’historienne et journaliste française Audrey Fella, spécialisée dans les domaines du religieux, a développé une communication autour du thème «Féminin-masculin : au-delà du genre».

L’après-midi a été consacrée à la tenue d’ateliers thématiques. Le premier axe développé est intitulé «Violences à l’égard des femmes, quelles solutions ?» Il a été animé par Imane Hayef (représentante de l’ONU Femmes), Anissa Smati-Bellahsene (Association de femmes algériennes, Réseau Wassila) et Nadia Aït Zai. Le deuxième atelier intitulé «Rupture avec les stéréotypes féminins» a été animé par Issam Toualbi-Thaâlibî et Bénédicte de Navacelle.

Le colloque a vu également la participation de Wassyla Tamzali, grande figure féministe qui milite pour un dialogue entre les peuples de la Méditerranée. Cette ancienne avocate, ancienne journaliste, directrice des droits des femmes à l’Unesco à Paris, et Valérie Colin-Simard ont développé une grande complicité pour animer ensemble un intéressant atelier sur le thème «Une meilleure répartition des rôles et des responsabilités». L’atelier a été très riche en débats et a permis à beaucoup de femmes et d’hommes de s’exprimer et d’échanger leurs vécus autour de ce sujet sociétal.Tahar Gaïd et Carmen Del Rio Pereda (Espagne) ont évoqué «Le féminin dans le Coran».

Wassyla Tamzali donnera, aujourd’hui, un éclairage sur «Statut et droits de la femme». Une table ronde avec les médias est prévue autour de la question «Comment mettre l’information au service de l’humain ?» animée par des hommes de médias de Liberté, El Watan, Le Quotidien d’Oran, El Djoumhouria, et Philippe Dessaint, directeur en charge des projets événementiels internationaux à  TV5 Monde.*Cherif Lahdiri-El Watan-29/10/2014 

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*Cheikh Khaled Bentounès, guide spirituel de la confrérie soufie Alawiya

Il est le guide spirituel de la confrérie soufie Alawiya et par ailleurs écrivain, pédagogue et homme d’action et de réflexion sur l’islam et les valeurs humaines. Cheikh Khaled Bentounès organisera, du 27 octobre au 2 novembre 2014, un congrès international féminin. Sous le slogan «Parole aux femmes», cette manifestation se propose d’exhumer la femme musulmane du tombeau de l’oubli dans lequel elle a été sciemment précipitée par les tenants d’un islam radical. Dans cet entretien, le cheikh explique sa démarche et dessine les contours de ce que devrait être le musulman du  XXIe siècle.

-Tout d’abord, pouvez-vous nous faire un bref exposé du congrès mondial sur la place de la femme dans l’islam et la culture musulmane ?

Ce congrès a été l’une des recommandations du centre de la Tariqa Alawiya qui s’est déroulé en 2009. L’idée est d’apporter à l’islam cette rahma qui existe dans le féminin en tant que principe générateur de vie. Nous avons plus de 25 nationalités — Japon, Indonésie, Turquie, tous les pays européens, Canada, Etats-Unis, Mexique, pays d’Afrique et du Moyen Orient. Il y aura aussi des représentants de l’université d’Al Azhar (Egypte) et de la Zitouna (Tunisie) ainsi que du Maroc. Nous espérons que ce congrès permettra de réfléchir sur la culture de la paix. Pourquoi la femme ? Parce que c’est elle qui la transmet en tant que première école dans l’éducation d’un enfant.

-La réflexion générale de votre colloque est centrée sur la femme et le féminin en islam. Pensez-vous que la religion musulmane soit insuffisamment explicitée sur cette question ?

Ce n’est pas qu’on a mal compris, mais on a occulté. L’islam, aujourd’hui, occulte une grande partie de sa mémoire. Par exemple, on a détruit les vestiges trouvés dans la maison du Prophète, on en a fait des toilettes et personne n’a rien dit. On a détruit en Libye, au Mali des lieux historiques et on est en train de détruire des lieux de mémoire en Irak et en Syrie. Par ailleurs, on a recensé plus de 9000 femmes qui ont disparu de la mémoire collective des musulmans. Personne ne parle d’elles alors qu’étaient des mouhadithate (transmetteuses de hadith) des oulémas, des mafatis et même des imams qui ont dirigé la prière. N’oublions pas que la première femme imam a été désignée par le Prophète (QSSL) lui-même et que Sidna Omar a confié la sécurité de Médine à une femme aussi. A la bataille d’Ouhud, c’est une femme qui avait protégé le Prophète d’une mort certaine en s’interposant entre lui et un homme qui voulait le tuer. Elle a reçu un coup de sabre pour protéger le Prophète. Faut-il rappeler enfin que la première femme à embrasser l’islam est Khadidja. Où sont donc toutes ces femmes qui ont illuminés l’islam ? C’est un peu pour dévoiler ce qui a été voilé que nous organisons ce colloque sur la femme.

-En filigrane, on perçoit une volonté de recoller la femme à l’islam par ce que ce couple, si l’on ose dire, a subi un divorce violent, très perceptible dans le traitement réservé à la femme dans certains pays musulmans…

Oui c’est vrai, la femme a perdu beaucoup à notre époque, contrairement à ce qu’on attendait, surtout que nos pays se sont libérés des colonialismes. Il y a, certes, une évolution, voire une révolution silencieuse puisque la femme va à l’école et à l’université, mais cela reste insuffisant. Mais dans la réalité, on lui dit : tu dois te soumettre à l’homme. A partir du XIe siècle, on a assisté à un détournement de la charia à travers le fiqh (droit musulman) au profit de l’homme et au détriment de la femme. Ce sont les coutumes et les traditions anciennes, préislamiques, en Arabie et au Maghreb, qui ont pris le dessus et ont fait de la femme ce qu’elle est. C’est-à-dire quelqu’un qui procrée, qui doit observer le silence et qui doit obéir.

-Vous avez énergiquement dénoncé Daesh qui se fait appeler «Etat islamique». Comment expliquez-vous ce cruel dévoiement des principes islamiques dans le monde musulman contemporain ?

D’abord je ne peux pas l’appeler «Etat islamique». C’est triste d’appeler aujourd’hui un mouvement aussi odieux et inhumain «Etat islamique». Un Etat est forcément bâti sur le droit, mais là  c’est l’expression d’une maladie du corps de la oumma, elle-même malade. On a assisté au Printemps arabe dont on nourrissait l’espoir qu’il allait changer les choses, qu’il allait nous redonner une dignité et une liberté d’expression. Et puis, d’un seul coup, c’est un monstre qui est né
Cette maladie ne nous vient pas d’ailleurs, mais de nous-mêmes, parce qu’on a oublié quelque chose d’essentiel, à savoir que le message Mohammadien, qui est un message spirituel. On a fait de la religion une mécanique, une idéologie et un catalogue de prescriptions. On a oublié que la prière est une façon de travailler, de cultiver, une façon d’enseigner.

-Les sources de l’ijtihad se sont-elles à ce point taries pour voir s’imposer un discours religieux nihiliste en pays d’islam ?

L’ijtihad ne s’est jamais arrété depuis l’époque ayant succédé au Prophète (QSSL). Par exemple, les tarawih (les prières surérogatoires) le Prophète ne les faisait pas. Le hadith (dit du Prophète) vient des disciples et des transmetteurs. Le fiqh n’existait pas à l’époque du Prophète. Donc cela a été fait plus d’un siècle et demi plus tard, de la même manière que les madhahib (rites), qui n’existaient pas non plus. Ces rites sont censés faciliter la pratique religieuse est non point la compliquer, comme le recommande le Saint Coran. Or, on assiste aujourd’hui à un phénomène contraire, à savoir que c’est celui qui est plus exigeant, plus intransigeant, voire plus radical qui dicte la «norme». Et l’islam de sagesse et des lumières, nous l’avons exclu.

-Pensez-vous que la voie soufie, ou ce qu’on appelle l’islam des zaouïas, soit la panacée contre les dérives obscurantistes, en Algérie et ailleurs ?

La véritable zaouïa de l’islam est dans le cœur de chacun d’entre nous. Qu’il y ait des dérives, oui. Le soufi est un qualificatif. Al moutassaouif est celui qui va à la quête de la vérité, et on le trouve dans les zaouïas et en dehors. Le principe est que nos actes témoignent de notre foi. Si nous croyons en Dieu et que nous méprisons notre prochain, il y a problème. Qui est l’autre, si ce n’est le visage de Dieu ? Qu’il soit Algérien, Américain, Noir, Blanc…

-Certains vous reprochent une démarche religieuse un tantinet transgressive par rapport aux canons de l’islam…

Celui qui veut faire un pas, essayer d’ouvrir, d’améliorer la pratique de la religion est forcément taxé de  déviationniste. Moi ce que je fais, je le fais en toute conscience, en application de l’enseignement et de l’éducation que j’ai reçus de mes ancêtres et mes maîtres.
Ma démarche est d’essayer d’être honnête avec moi-même. Il c’est vrai que je ne peux me taire de voir l’islam dévoré comme cela, avec une telle bestialité. Tout ce que je fais entre dans le cadre de la tradition, mais bien sûr la tradition vivante, pas cette tradition sclérosée  et sclérosante.

-Vous qui viviez en France, n’êtes–vous pas poussé, à votre corps défendant, à prêcher un discours religieux politiquement correct qui soit bien reçu en Occident ?      

Je ne vis pas qu’en France, je suis un nomade, je suis un peu en France, un peu au Maroc, au Moyen-Orient, je vais au Canada ; en somme un éternel pèlerin. On a fait des expositions sur l’Emir Abdelkader même à Tokyo, et  j’ai accompagné l’exposition dans son tour du monde. Maintenant cela c’est ma vie, mon itinéraire. Je prêche un islam qui porte un projet de vie, un islam libre et responsable, où le temporel et le spirituel s’additionnent pour créer une synergie et non des oppositions. C’est l’islam du XXIe siècle dont a besoin tout être humain qui réfléchit. C’est un choix entre s’exclure en prêchant que le monde d’ici-bas est satanique et le rejet de l’autre, ou alors contribuer à améliorer les choses dans l’environnement dans lequel on vit. Moi, mon combat est dans l’amélioration de l’environnement, et je ne parle pas que du religieux puisque j’ai créé, ici en Algérie, la fondation Djanatu Al Arif versée dans l’écologie.

-Pourquoi ce discours religieux pacifiste que vous prônez peine à s’imposer en Algérie, face à une interprétation littéraliste de l’islam ?

Je ne sais pas. Peut-être que moi-même je ne sais pas encore bien parler. Que je n’ai pas su capter l’attention des gens.  Peut-être aussi que nous ne sommes pas encore prêts à cela, tout simplement. C’est pour cela que nous organisons ce congrès sur la femme, qui va débattre des traditions et de la modernité. Il débattra de ce qui devrait être voilé et de ce qu’il devrait être dévoilé. D’ailleurs, le dernier jour du colloque sera consacré à la culture de la paix et à ce que nous pouvons, aujourd’hui,insuffler comme esprit de renouveau à ce pays du milieu, qui le mérite.

-Votre démarche semble adoptée par les hautes autorités du pays puisque votre colloque a eu le patronage du président de la République…

Et très rapidement ! Ce qui m’a étonné. Le Président adhère totalement à cette vision. Il sait que derrière ce colloque ne se cache aucune ambition politique. C’est notre petite contribution au bien-être national. Mais rassurez-vous, nous n’avons reçu aucune aide. Nous voulons juste que tous ces gens viennent chez nous et repartent avec une autre image de l’Algérie.

-Justement, le nouveau ministre des Affaires religieuses semble porteur d’un nouveau discours, qui se propose de réconcilier l’Algérie avec l’islam de Cordoue. Partagez-vous sa vision ?

Mohamed Aïssa a du courage, je le salue. Je ne le connais pas personnellement, mais d’après ce que j’ai lu de ses déclarations, c’est vraiment l’Algérie dont je rêve. Je me dis : enfin on a un ministre qui dit des paroles qui ont un poids énorme. Si vous voyiez l’étonnement que ses déclarations ont produit en dehors de l’Algérie… Que ce soit au Japon, au Vatican et même dans le judaïsme, l’écho est vraiment  énorme. Je ne peux pas dire plus, je salue son courage. Il est évidemment invité à notre colloque, tout comme les femmes ministres.    

-Nous assistons aujourd’hui à une recrudescence du discours wahhabite dans nos mosquées. Comment contrer ce phénomène clairement déstabilisant ?   

Il faut tout simplement faire la lumière là où il y a des ténèbres. Ce qui est dommage, chez les Algériens, c’est critiquer sans proposer. Même nos médias ne s’ouvrent pas sur ces questions. Et puis, où est la société civile ? Pourquoi attendre tout de l’Etat ? Nous avons des industriels et des gens riches, pourquoi ne construit-on que des mosquées ? Pourquoi ne construit-on pas des écoles, des universités privées  et des bibliothèques ?

-C’est un peu ce que font les Gullénistes en Turquie, en investissant l’éducation…

Tout a fait. Mais je rappelle que c’était aussi la mission des zaouïas. L’Emir Abdelkader et Cheikh El Mokrani sont sortis d’où ? C’est vous dire que les zaouïas étaient des lieux de savoir, de rayonnement et de réflexion.

-La notion de laïcité est-elle, d’après vous, soluble en islam comme le pensent certains ?

Je crois qu’il ne faut pas imiter les expériences des autres pays comme la France, qui a une autre histoire que la nôtre. Si l’on commence à calquer des schémas d’ailleurs, cela ne marchera pas. Pourquoi ne pas créer quelque chose à nous, un habit qui nous sied ? Pourquoi devons-nous toujours aller chercher l’habit de l’autre ? A-t-on  cherché dans l’héritage de nos ancêtres ?

-Avons-nous une chaire de la pensée de l’Emir Abdelkader dans nos universités, alors qu’elle est étudiée dans toutes les universités du monde et qu’une ville de l’Iowa, aux Etats-Unis, porte son nom (El Kader) ?

Pour nous, l’Emir est un homme sur un cheval, portant une épée… Dommage qu’on ait réduit la pédagogie de la paix et de la cœxistence pacifique de ce grand homme à une simple image, en Algérie…*Hassan Moali–Mardi 21 octobre 2014

*la ministre de la Solidarité et de la Condition féminine, Mounia Meslem

Ce sujet traitera des stéréotypes du féminin-masculin ancrés dans l'imaginaire collectif

**La paix est notre langue

«Afin de tenter un grand coup de projecteur sur l’oeuvre civilisatrice de l’islam, au moment où cette religion subit la pire dénaturation de son histoire»

En présidant le Congrès international féminin se tenant à Oran, la ministre de la Solidarité et de la Condition féminine, Mounia Meslem, a réitéré «la conviction de l’Algérie quant à asseoir la paix». Elle dira en ce sens que «nous sommes ceux qui avons adopté les principes de dialogue et de la paix, ces deux principes constituent notre langue». Auparavant, le conseiller à la présidence de la République, Mohamed Ali Boughazi, est revenu sur l’importance du rôle héroïque joué par la femme algérienne durant la guerre de Libération en se mettant côte à côte avec l’homme dans la lutte armée. «Leur combat a été noble, fort et décisif», a-t-il affirmé en faisant lecture de la lettre du président de La République adressée aux participants du 1er Congrès international féminin dont les travaux ont été entamés hier à Oran.
Le premier Congrès international féminin «Pour une culture de paix» ayant pour thème «Paroles aux femmes» s’est ouvert hier au Centre des conventions d’Oran. Le conseiller à la présidence de la République, Mohamed Ali Boughazi, et la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem étaient présents lors du coup d’envoi de cette rencontre de quatre jours qui est organisée par la Fondation pour le développement méditerranéen Djanet El Arif. Cette fondation, qui est basée à Mostaganem, est présidée par Cheikh Khaled Bentounès. Ce congrès, organisé en partenariat avec l’ONG étrangère, Organisation internationale soufie alawiya, regroupe des femmes des quatre coins du monde pour proposer l’ouverture du débat religieux sur l’image de l’islam dans la société, une image ternie par toute cette violence commise au nom de l’islam». Les travaux de cette première édition du congrès sont focalisés autour de cinq axes principaux, en l’occurrence Regards croisés.» Ce sujet traitera des stéréotypes du féminin-masculin ancrés dans l’imaginaire collectif, reflétant l’image rigide et réductrice de la femme à ses seules apparences, créant un déséquilibre de l’être, de la société et une opposition de genres qui s’accentue. Le second thème, qui repose sur l’éducation, s’interrogera sur les voies et moyens de promouvoir une éducation consciente pour transmettre les valeurs humaines et sur la manière de «faire de nos enfants des êtres libres et responsables, dans une société malade du consumérisme». Le Congrès fera sienne une pensée de Nelson Mandela: «Celui qui tient les clés de l’éducation tient les clés du monde.» Le troisième sujet abordera la tradition et modernité: «Mariage ou divorce?» Les intervenants aborderont le sens des valeurs humaines et universelles alors que la 4e problématique posée sera axée sur «le voilement et dévoilement». Ce thème sera ouvert aux femmes qui souhaitent aujourd’hui poser les bases d’un dialogue ouvert et constructif sur le sens du cultuel, culturel et spirituel du voilement et dévoilement. Enfin, «Féminin et culture de la paix» est le dernier sujet à débattre, il sera dédié à la réflexion sur la construction d’une culture de paix au profit de l’humanité. Cette rencontre prévoit la participation de quelque 3000 personnes venues des quatre coins du globe. «Par les différents regards croisés que l’humanité porte sur le féminin et par un retour à la conscience de l’unité originelle, oeuvrons pour une réconciliation du féminin avec le masculin», ont indiqué les organisateurs. Ces derniers se fixent comme objectif de lever les tabous qui se sont greffés au fur et à mesure de l’Histoire et de déconstruire toutes les «fausses vérités» cumulées au sujet de la femme pour lui permettre de se réapproprier son histoire, son droit et sa dignité. «Afin de tenter un grand coup de projecteur sur l’oeuvre civilisatrice de l’islam, au moment où cette religion subit, sans doute, la pire dénaturation de son histoire», a-t-on souligné.*Par Wahib AïT OUAKLI - Mercredi 29 Octobre 2014*L’Expression

**Les contrefaçons de l’Islam

*Toute religion, y compris l’islam, est pacifique 

**Ce que certaines personnalités appellent islam radical n’est tout simplement pas l’islam » mais « une instrumentalisation de la religion à des fins idéologiques, que leurs visées soient politiques, nationalistes ou encore économiques »

  « Nous avons fait de vous une communauté éloignée des extrêmes », lit-on dans le Coran, que l’on traduit aussi par « une communauté du juste milieu ».

On ne compte plus aujourd’hui les “ lettres ouvertes ” ou les appels adressés par des personnalités, écrivains et journalistes, aux “ musulmans modérés ” pour qu’ils dénoncent les actions violentes commises depuis ces dernières semaines par des individus ou des mouvements se réclamant de l’islam, et prétendant agir “ au nom de Dieu ”. Nous préférons, quant à nous, nous référer à un “ islam authentique ” plutôt qu’à un “ islam modéré ” : d’abord, parce que toute religion, y compris l’islam, est pacifique ; ensuite, parce qu’évoquer un islam modéré sous-entendrait qu’il existerait aussi un islam radical, et qu’ainsi l’islam pourrait se prêter à l’un ou l’autre choix !

« Nous avons fait de vous une communauté éloignée des extrêmes », lit-on dans le Coran, que l’on traduit aussi par « une communauté du juste milieu »« La religion authentique est toujours une voie d’équilibre, jamais un instrument de pouvoir, d’orgueil et de vanité »*cliquer ici: Les contrefaçons de l’Islam

Des femmes shiites manifestent pour protester contre le gouvernement à Manama, Bahreïn, le 16 février 2011.

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*L’éducation est la clé magique de la promotion de la paix

«Le monde traverse, aujourd’hui, une étape historique faite de conflits religieux, ethniques et politiques», a affirmé Hoda Mahmud Darwich, doyenne de l’Institut d’études et de recherches asiatiques à l’université Zaqaziq d’Egypte estimant que «l’éducation est la clé magique de la promotion de la paix». C’est inéluctable, l’éducation constitue fatalement le seul moyen permettant l’éveil des consciences en songeant paix et tolérance. «Il faut revenir aux valeurs morales, dans l’éducation, qui forment une part importante dans l’édification de la société, a-t-elle souligné, lors d’un atelier sur l’axe «Ethique et éducation», qui s’interroge sur les voies et moyens de promouvoir une éducation consciente. Beaucoup de facteurs plaident pour cette évidence incontournable. La doyenne de l’Institut d’études et de recherches asiatiques à l’université Zaqaziq d’Egypte explique que «le Monde arabe et musulman connaît, aujourd’hui, de grands bouleversements et se trouve à un virage dangereux caractérisé par des conflits, guerres et terrorisme». Elle recommande à ce sujet un traitement de choc. «Il faut, donc, aller vers un nouveau système éducatif caractérisé par la morale, en s’inspirant des préceptes de l’islam, sachant que toutes les religions appellent à la morale et à la paix», a-t-elle préconisé expliquant que «l’éducation morale est liée à l’éducation spirituelle, d’où l’implication de la femme».
Les médias ne sont pas non plus indemnes dans les bouleversements que connaît actuellement le globe. Patrick Busquet, grand reporter spécialisé dans les relations internationales et développement de la République démocratique du Congo, a brossé un tableau négatif et sans complaisance sur les médias actuels dans le monde. Il dira en ce sens, que «les médias ne diffusent que les valeurs que nous validons et nous imposent des formes de société», recommandant qu’«il faut donc renverser la vapeur». Pour le grand reporter, le ton est au renversement des équations. Responsabilisant le consommateur, il l’incite à s’imposer dans l’ancrage des valeurs de la paix dans la société. «Au consommateur d’imposer ses valeurs, des valeurs de paix, car les consommateurs de médias sont autant responsables que les médias», a déclaré Busquet estimant que ce congrès est «une formidable initiative en faveur de la paix». Le penseur et ancien ministre algérien, Mustapha Chérif, a soutenu que «l’indépendance de l’individu passe par le développement du sens critique chez l’enfant, le préparer à être un citoyen dans le cadre du vivre-ensemble».
«Le bien commun est dans la création des équilibres. Cependant, ces équilibres, nous n’avons pas réussi à les réaliser à cause des excès», a-t-il déclaré, avant d’ajouter en recommandant qu’«il faut éviter de tout mettre sur le dos de l’école: crise politique, violence, absence d’éthique… L’école est menacée par la marchandisation du monde». Mustapha Chérif n’a pas été incisif en préconisant, à l’instar de ses prédécesseurs, que «la question politique est décisive dans le vivre-ensemble pour accéder à la civilisation, à condition de reconnaître le droit à la différence et transcender nos différences». Des participants à ce 1er Congrès international féminin, «pour une culture de paix», ont plaidé pour l’application de la loi permettant la lutte contre la violence sur les femmes.
«Les textes de loi «doivent être accompagnés de mécanismes d’application permettant de lutter contre ce phénomène, comme cela se fait de par le monde», ont indiqué les participants à un atelier intitulé «Violences à l’égard des femmes, quelles solutions?» Cette problématique a été posée avec acuité. La représentante de l’ONU femmes en Algérie, Imene Hayef, a souligné, que «les violences physiques ou sexuelles contre les femmes représentent une discrimination et une violation des droits fondamentaux de la personne que l’ensemble des pays doivent éradiquer ou du moins freiner». «Outre les lois, des politiques et des stratégies publiques sont à mettre en place pour criminaliser la violence conjugale», a-t-elle recommandé. Au niveau mondial, le taux de prévalence des violences physiques et/ou sexuelles, se situent entre 29 et 62%. Une femme sur quatre au monde a été au moins violentée durant sa grossesse, a-t-elle soutenu. «Bannir ces pratiques est l’un des objectifs du développement durable de l’ONU pour l’année 2015», a-t-elle déclaré. Les avocates, Mmes Anissa Smati et Belahssen, sont revenues sur l’avant-projet de loi pénalisant les actes de violence contre les femmes. «Ce projet accentuerait les peines à l’encontre de ceux qui violentent les femmes, qu’ils soient père, frère ou mari, tout en introduisant un élément nouveau concernant le harcèlement sexuel dans un lieu de travail et dans la rue et les violences verbales sévères», ont-elles expliqué. A condition que la victime engage une procédure juridique! là est tout le tabou à briser.*Par Walid AÏT SAÏD - Samedi 01 Novembre 2014*L’Expression

**Les féministes au congrès : Notre rapport à la tradition musulmane à laquelle nous appartenons ainsi que la place des femmes dans l’histoire

Pourquoi celles qui se revendiquent du féminisme acceptent de participer à un congrès féminin organisé par une confrérie religieuse

C’est en réponse à cette question que la sociologue Fatma Oussedik, militante féministe du réseau Wassila, a entamé hier son intervention au CCO pour expliquer que «c’est une manière de les questionner sur le sujet mais aussi d’interroger notre propre rapport à la tradition musulmane à laquelle nous appartenons ainsi que la place des femmes dans l’histoire».Elle considère que les espaces d’expression sont tellement limités en Algérie que cette rencontre se présente comme une aubaine pour se faire entendre. «Et puis, on nous a tellement traitées de ‘‘hizb frança’’ que c’est aussi, dit-elle juste avant son intervention, une manière de remettre en cause cette idée reçue.»

«Tradition et modernité, quand l’une enrichit l’autre» est l’intitulé de sa conférence où elle a développé le concept d’«exceptionnalité» quand il s’agit de décrire la participation de la femme dans les évolutions historiques du monde musulman. Evoquant quelques exemples, Hassiba Ben Bouali et les poseuses de bombes durant la lutte de libération, la mystique musulmane Rabéa El Adawiya, le combat et le statut de Fatma N’soumeur, elle considère que l’exceptionnalité fait consensus autant chez les auteurs coloniaux et occidentaux que locaux. Il y a, dit-elle, comme une volonté de «sortir les femmes de l’histoire agissante, de masquer notre rapport au long temps et de nier l’existence d’une lutte féminine pérenne».

Fatma Oussedik est allée plus loin dans l’histoire pour déterrer des destins de femmes «d’exception» pour prouver que l’érudition, y compris dans les sciences religieuses, n’a pas toujours été exclusivement l’apanage des hommes. Parmi plusieurs noms évoqués tels Nafissa bent El Hassan, Rabéa Bent Smaïl, elle retient celui de Chabaka qui a enseigné dans l’Egypte médiévale et dont le nom évoque justement le réseau et la capacité à transmettre des savoirs.

Lors de la même session organisée sous l’intitulé générique «Féminin, tradition et modernité», Leïla Zerrougui revendique non seulement une place plus importante dans les centres de décision, mais aussi une participation active des femmes dans les processus de paix et la résolution des conflits. Elle part de sa propre expérience en tant que représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU pour les enfants. On lui doit la campagne «Enfants, pas soldats» qui œuvre à faire pression sur les belligérants afin qu’ils n’enrôlent pas de mineurs dans les conflits armés.

Elle se soucie aussi de paix et de résolution des conflits mais cet aspect de l’enfance dans la guerre est tellement préoccupant qu’il a donné lieu à un mandat spécifique qu’elle assume aujourd’hui dans plusieurs régions de Centrafrique, Sud-Soudan et Somalie. Elle se réfère au premier rapport de Garça Machel, «une grande dame», rédigé en 1996 et qui a fait bouger les choses. Quant à la place de la femme, malgré les conférences internationales (Copenhague, Nairobi, Beijing, etc.) et la résolution 1325 de l’ONU, les résultats sont, rappelle Leila Zerrougui, loin de refléter les ambitions affichées et c’est ainsi que «sur neuf accords de paix conclus en 2011, seuls deux (Somalie et Yemen) comprennent des dispositions spécifiques en faveur des femmes.

Aussi, sur 14 processus de négociation de paix engagés par l’ONU, seuls 4 (dont Chypre) présentent des femmes à la table des négociations. L’implication des femmes dans les actions en faveur de la paix est, pour la représentante onusienne, indispensable aussi parce que les femmes ne sont plus seulement des dommages collatéraux de la guerre mais elles sont affectées directement».

Dans la session précédente consacrée au «Féminin, éthique et éducation», Patrick Busquet de la République démocratique du Congo, intervenant sur les médias, a prôné la restitution d’une vision plus positive et généreuse du monde. Il part du constat inspiré d’une étude menée en 2006 et faisant ressortir que seul 1% du contenu diffusé par les médias est positif. Le reste concerne les catastrophes, les guerres, l’actualité événementielle, le divertissement, la polémique, les commentaires, etc.

«Les contenus fabriqués par les médias et les professionnels de la communication utilisent une narration loin de dire la vie et aboutissent à une pulvérisation de l’histoire néfaste pour la santé psychique de l’humanité», explique le journaliste qui n’est néanmoins pas venu les mains vides en évoquant les expériences concrètes menées grâce à la fondation suisse Hirondelles et le réseau de radios communautaires installées dans les zones de conflits pour un travail en conformité avec les valeurs humaines et de paix.

«Sur les 400  radios communautaires que compte le pays, 85 sont inscrites dans cette logique», indique-t-il en évoquant le rôle positif joué aussi par la radio Okapi qui prône, comme le suggère le conférencier, «la fabrication de programmes d’intérêt général qui contribuent à faciliter la marche du monde vers le mieux». Pour Patrick Busquet, la responsabilité incombe aussi au public qui doit réagir face aux médias dont la concentration, qu’elle soit géographique (monde occidental) ou humaine (les grands groupes de presse), ne milite pas en faveur de la diversité d’opinion.

Intervenant sur l’éducation au sens restrictif du terme, Mustapha Cherif et l’Egyptienne Hoda Mahmud Darwich ont placé le Coran au centre de leurs préoccupations. Le premier soutient que c’est Dieu lui-même qui a voulu la diversité, d’où la nécessité d’encourager la culture du vivre-ensemble. La seconde, membre du comité scientifique du conseil suprême soufi de son pays, a développé l’importance de la religion, source de valeurs et de l’éthique, dans l’éducation en citant Diderot et d’autres penseurs occidentaux, mais s’appuie sur le Coran car contenant tourtes les valeurs éthiques. Pour elle, le Prophète Mohamed est un modèle et son expérience est exemplaire. Partant de là, Hoda Mahmud Darwich pense que «la modernité doit se baser sur le savoir, à condition que celui-ci ne contredise pas la religion».*Djamel Benachour-El Watan-30.10.2014 |

**La réconciliation du féminin et du masculin comme vecteur de paix

*Valérie Colin-Simard. Ecrivaine et psychothérapeute

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	Val&eacute;rie Colin-Simard  » src= »http://www.elwatan.com/images/2014/11/01/valerie_2485972_465x348p.jpg » /></p>
<p><span style=Lors du Congrès international féminin qui s’est tenu à Oran, Valérie Colin-Simard a animé une conférence intitulée «La réconciliation du féminin et du masculin comme vecteur de paix». Elle est auteur de sept livres. Dernier en date: «Masculin, Féminin, la Grande Réconciliation» chez Albin Michel. Elle pratique la psychothérapie depuis plus de dix ans. Coach en entreprise, elle a déposé sa marque intitulée «Réussir par l’équilibre du Féminin et du Masculin» qu’elle exploite avec succès, en partenariat avec le cabinet de coaching Crysalead, auprès de nombreux dirigeants du CAC 40.

- Dans beaucoup de régions du monde, dont l’Afrique du Nord, les sociétés ont connu une régression en matière d’égalité entre les hommes et les femmes. A partir de quel moment de l’histoire, il y a eu basculement dans le déni des droits des femmes et quel en était la cause ?

C’est une question essentielle. Nous oublions trop souvent qu’avant le patriarcat, il y avait un matriarcat. En effet, aux premiers temps de la Préhistoire, les hommes ne connaissaient pas les lois de la procréation. Ils voyaient les femmes comme leurs mères. Elles seules, pensaient-ils, étaient à l’origine de la vie. A l’époque, régnaient non pas les dieux mais les déesses comme celles de l’amour et de la fertilité. La force des hommes était au service de la vie, seul apanage des femmes.

C’est au Néolithique, en devenant sédentaires, que les hommes, sans doute en observant les animaux domestiques, ont découvert leur rôle dans la procréation. La petite pierre que j’apporte dans mon livre est de montrer que les femmes, à cette époque, ont elles aussi abusé de leur pouvoir sur les hommes. Dans la plupart des régions du monde, chaque année au printemps, une fois l’union sexuelle consommée avec la prêtresse, les femmes procédaient à des sacrifices rituels sur ces jeunes hommes qui renaissaient l’année suivante en la personne d’un autre jeune homme.

Conséquence: la révolte des hommes couvait. Le basculement a eu lieu au moment où le besoin de conquêtes de terres nouvelles s’est fait sentir. La force des hommes est devenue indispensable pour défendre les territoires, c’était une question de vie ou de mort. Grâce à leur force physique, ils sont devenus des héros. C’est alors la révolte puis la naissance du patriarcat en même temps que l’écriture aux environs de 5000 ans avant JC.

Leurs lois, gravées dans la pierre, sont conçues comme en réaction à la peur que les femmes retrouvent leur pouvoir d’antan. Sur le plan historique, hommes et femmes ont donc été tour à tour bourreaux et victimes. Commence, aujourd’hui, l’heure et l’ère de la réconciliation. Et c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que s’ouvre à nous cette possibilité.

- Il y a encore, aujourd’hui, souvent opposition entre les hommes et les femmes. Pour vous, la réconciliation du féminin et du masculin est nécessaire pour aboutir à la paix. Cela passera par quoi ?

Par chacun d’entre nous. Une précision: je parle non plus d’hommes et de femmes mais de valeurs du féminin et du masculin et ces valeurs, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, concernent aujourd’hui aussi bien les hommes que les femmes. Notre défi : les réconcilier  en nous. Quand j’avais vingt trois ans, j’avais tout pour être heureuse: un métier prestigieux, pas de problèmes d’argent, une vie de couple et pourtant j’étais en dépression permanente.

Il a fallu qu’à trente ans, je m’arrête pour comprendre que j’étais en guerre contre moi-même. Je rejetais tout ce qui en moi comme valeurs du féminin. Je les considérais comme inférieures. J’avais seulement le droit d’être forte, indépendante, une intellectuelle. Je rejetais ma vulnérabilité, mes besoins de repos et même d’amour. Je compris que si, en Occident, la femme était devenue au moins, en principe, l’égale de l’homme, il n’en était pas de même des valeurs du féminin: compétition, chiffres, intellect continuaient d’être mises sur un piédestal, trop souvent au mépris de nos émotions, de notre créativité, de notre vie.

Dans le monde du travail, bien des hommes découvrent que les valeurs féminines que sont l’écoute, l’empathie ou la coopération, alliées à leurs valeurs masculines, leur donnent du charisme, améliorent leurs performances. Tandis qu’à trop vouloir suivre les seules et uniques valeurs du masculin d’efficacité et de productivité, bien des femmes et d’hommes s’épuisent.

Nous tous, hommes et femmes, avons trop souvent oublié la puissance des valeurs du féminin lorsqu’elles sont en lien avec les valeurs du masculin. Nous avons maintenant besoin d’une vision plus vaste qui innove et ouvre les frontières. Ce nouvel équilibre est essentiel pour devenir, que nous soyons hommes ou femmes, des êtres humains à part entière. Cette réconciliation est une solution aux crises que nous traversons. Hommes et femmes ont besoin autant des valeurs du féminin que du masculin pour trouver un nouvel équilibre.

- Les sociétés conservatrices peuvent-elles allier traditions et équité entre les hommes et les femmes ?

Oui. Les spiritualités sont  le souffle et la source qui, au départ, inspirent toutes les religions. Malheureusement, elles ont été trop souvent récupérées et détournées par le patriarcat avec les dérives que nous connaissons. En réalité, toutes les  spiritualités et donc les traditions, qu’elles soient chrétiennes, hindouistes ou musulmanes, prônent cet équilibre et cet équité du masculin et du féminin. Cet équilibre est une sagesse.*Cherif Lahdiri-El Watan- 02 Novembre 2014

**Histoire du voile

«Histoire du voile», est le thème d’un très intéressant atelier qui s’est tenu à l’occasion du congrès international féminin qu’a abrité le centre des conventions d’Oran.

Tour à tour, l’islamologue tunisienne Mongia Nefzi Souahi et le théologien et Imam de la grande mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou ont affirmé que «le Coran ne fait pas obligation le port du voile». Selon ces chercheurs, «le texte sacré de l’islam appelle la femme à porter un habit qui lui assure la pudeur et que les femmes sont libre de porter le voile ou pas.» Mongia Nefzi Souahi est professeure en sciences islamiques et exégète coranique à l’université Zeytouna (Tunis). Elle a contribué à plusieurs recherches avec l’ONU dans le cadre du développement et a participé avec le conseil suprême islamique tunisien à l’écriture du livre «Le jeûne selon l’école malikite». Tareq Oubrou est aussi ancien Président de l’association «Imams de France»), membre de l’AMG (Association des musulmans de la Gironde) affilié à l’UOIF (l’Union des Organisations Islamiques de France).*El Watan- 02 Novembre 2014

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