Angela Merkel, 5.860 jours au pouvoir
*La chancellerie Angela Merkel a incarné valeurs et sens du compromis
**Beaucoup de jeunes Allemands n’ont connu qu’elle à la tête du gouvernement, et les trois quarts des Allemands se disent satisfaits de son action à la tête de l’Allemagne. À 67 ans, et après 5 860 jours à la tête de l’Allemagne, Angela Merkel passe la main, à son successeur Olaf Scholz, mercredi 08 décembre 2021
*une dirigeante « fiable, honnête, intellectuellement précise », une « belle personne », selon Barack Obama
Seize années au pouvoir et une popularité « inoxydable »: Angela Merkel quitte définitivement la scène, laissant un grand vide dans le monde, où elle a incarné valeurs et sens du compromis.
A 67 ans, et après 5.860 jours au pouvoir, elle passe la main au social-démocrate Olaf Scholz, qui sera élu mercredi chancelier par le Bundestag. Avec 16 ans dans les murs de la chancellerie à Berlin, Angela Merkel aura presque égalé, à neuf jours près, le record de longévité de son mentor Helmut Kohl.
Beaucoup de jeunes Allemands n’ont connu qu’elle à la tête du gouvernement. On les appelle la « génération Merkel ». Celle qui aura été élue 31 années durant au Bundestag se voit affublée en retour du surnom de « Mutti » (Maman) par l’opinion.
Malgré l’usure du temps, elle peut se targuer d’une popularité au firmament. Selon une récente enquête de l’institut Pew, elle jouit à l’international d’une cote de confiance de 72 %.
Qu’elle semble loin cette année 2019, lorsque la chancelière, à la tête d’une grande coalition droite-gauche à bout de souffle, paraissait dépassée par la mobilisation de la jeunesse pour le climat.
Comme un symbole du crépuscule de son règne, Mme Merkel avait été victime de spectaculaires crises de tremblements lors de cérémonies officielles, faisant naître des interrogations sur la capacité d’une chancelière réputée « presque infatigable » à achever son quatrième et dernier mandat.
Mais la pandémie de coronavirus a rebattu les cartes. Les trois quarts des Allemands se disent satisfaits de son action à la tête de l’Allemagne, selon les sondages.
Face au Covid-19, cette scientifique de formation a privilégié pédagogie et démonstrations rationnelles aux postures lyriques.
Le confinement, qui a rappelé à Mme Merkel sa vie dans l’ancienne Allemagne de l’Est communiste, a constitué, de son propre aveu, « une des décisions les plus difficiles » en 16 ans de pouvoir.
– »Merkélisme »
La pandémie et ses conséquences ont aussi livré une nouvelle démonstration de son pragmatisme, sa capacité à changer de position pour faire descendre la température, passé à la postérité sous le nom de « merkélisme ».
Championne de l’austérité européenne après la crise financière de 2008, au risque d’asphyxier la Grèce, Mme Merkel s’est en effet convertie à la relance budgétaire européenne et à la mutualisation de dettes, seules à même selon elle de sauver le projet européen.
En 2011, c’est la catastrophe nucléaire de Fukushima qui l’avait convaincue en quelques jours d’enclencher le retrait progressif de l’Allemagne de l’énergie nucléaire.
Mais sa prise de risque historique intervient à l’automne 2015, lorsque Angela Merkel décide d’ouvrir son pays à des centaines de milliers de demandeurs d’asile syriens et irakiens.
Malgré les inquiétudes de l’opinion, elle promet de les intégrer et de les protéger. « Nous y arriverons ! », assure-t-elle. Peut-être la phrase la plus marquante prononcée au pouvoir par Mme Merkel, rétive aux discours enflammés.
Jusqu’alors, celle qui porte toujours le nom de son premier mari, avait toujours cultivé une image de femme prudente, sans aspérités, aimant les pommes de terre, l’opéra et la randonnée.
Pour expliquer sa décision sur les migrants, prise sans vraiment consulter ses partenaires européens, elle avait évoqué ses « valeurs chrétiennes » et un certain devoir d’exemplarité d’un pays qui porte la responsabilité de l’Holocauste.
Cette charité chrétienne, celle qui est née le 17 juillet 1954 sous le nom d’Angela Kasner la tient de son père, un pasteur parti volontairement vivre avec toute sa famille dans l’Allemagne de l’Est communiste et athée pour prêcher l’évangile.
« Mon héritage m’a façonnée, notamment l’aspiration à la liberté pendant ma vie en RDA », avait-elle confié lors du 30e anniversaire de la réunification.
**Chancelière « téflon »
Angela Merkel a toutefois toujours assumé sa décision et, après l’irruption de Donald Trump et le Brexit, elle se voit proclamée « leader du monde libre » dans un contexte de montée des populismes.
Barack Obama, un des quatre présidents américains qu’elle aura connus depuis 2005, la décrit dans ses Mémoires comme une dirigeante « fiable, honnête, intellectuellement précise », une « belle personne ».
La « chancelière téflon », sur qui les problèmes glissent, reste un animal politique aussi singulier que redoutable, sous-estimée par ses adversaires.
En 2000, c’est en profitant d’un scandale financier au sein de son parti qu’elle prend les rêne de son parti de centre droit, l’Union chrétienne-démocrate. La débutante sans charisme marginalise ensuite tous les hiérarques masculins qui lui font de l’ombre.
Le 18 septembre 2005, c’est face au chancelier social-démocrate Gerhard Schröder qu’elle arrache une victoire électorale sur le fil. Un premier succès aux élections générales, suivi de trois autres en 2009, 2013 et 2017.
Lors d’une cérémonie d’adieu à l’armée jeudi, elle a concédé que ces 16 années lui avaient « demandé des efforts politiques et humains », avant de mettre en garde contre la « fragilité » de la « confiance » dans la science et la politique, à l’heure des « théories du complot » et des « discours de haine ». * Source AFP avec le Point - le 06/12/2021
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Angela Merkel, une fille de l’Est devenue la femme politique la plus puissante du monde
Angela Merkel est demeurée dix-huit ans à la tête de la CDU, le parti chrétien-démocrate, soit sept ans de moins qu’Helmut Kohl mais plus que son fondateur, Konrad Adenauer. Elle détient aussi, à égalité avec Helmut Kohl cette fois, un record de longévité à la tête de l’Allemagne comme chancelière, après quatre législatures et seize ans de gestion ininterrompue. Portrait.
Cette marque dans l’histoire politique allemande est plus impressionnante encore si on la compare à celles des autres chefs d’État des principales puissances économiques mondiales – du moins pour celles et ceux qui ont été démocratiquement élus. Pragmatique, austère ou insaisissable, pour reprendre les qualificatifs qui lui sont le plus souvent attachés, Angela Merkel a passé sa carrière politique à surprendre, tout en donnant à son peuple l’image d’une profonde stabilité. Ce paradoxe explique peut-être qu’elle soit parvenue à retrouver, fin 2020, des records de popularité malgré la crise du Covid. Celle qui apparaissait comme une libérale de droite a su parfois se concilier les écologistes et le centre-gauche, jusqu’à s’attirer le titre, tantôt élogieux tantôt critique, d’« excellente sociale-démocrate ».
**Une jeunesse est-allemande
Rien ne prédisposait, en effet, la jeune Angela Kasner – Merkel est le nom de son premier mari – à prendre la tête d’une formation de centre-droit héritière du Zentrum, un parti d’obédience catholique. Née à Hambourg 1954, elle est la fille aînée d’un père pasteur sympathisant communiste qui, quelques semaines plus tard, prend en charge une petite paroisse près de la ligne de démarcation entre les deux Allemagnes, mais du côté Est cette fois. Pour fuir la répression du régime qui s’est manifestée par un bain de sang, l’année précédente, 2,7 millions d’Allemands prennent à la même époque le chemin inverse : ils passent à l’Ouest tant qu’il en est encore temps.
Pour autant, l’enfance d’Angela Kasner échappe en partie au carcan de la République démocratique allemande (RDA). Dans le domaine du Waldhof, où son père dirige depuis 1957 le séminaire chargé de former les clercs du Brandebourg et de Berlin, on a accès à la télévision de l’Ouest et on en reçoit aussi des colis. L’établissement accueille des handicapés mentaux et le principal apprentissage qu’on peut y faire est celui d’une certaine marginalité assumée.
Angela Kasner a d’excellents résultats scolaires et ses parents décident de l’inscrire dans les organisations de jeunesse communiste, un passé qui la poursuivra longtemps. Néanmoins, à l’université, elle choisit les sciences dures pour ne pas avoir à frayer avec l’idéologie. Ce n’est que quelques jours après la chute du Mur qu’elle se met en quête d’un engagement politique réel. Et en rupture complète avec sa tradition familiale, alors que son père rejoint le Nouveau Forum, sa mère les sociaux-démocrates du SPD et son frère les Verts, elle choisit le Renouveau démocratique, éphémère parti de centre-droit dont elle devient la porte-parole. Le parti fusionne avec la CDU Est-Allemande victorieuse aux élections en 1990, avant que cette dernière formation ne se fonde dans son équivalent Ouest-Allemand lors de la réunification.
**Une ascension politique fulgurante
Dans le dernier gouvernement de la RDA, dirigé par Lothar de Maizière, elle devient porte-parole adjointe. Élue députée la même année, elle est ministre fédérale des Femmes et de la Jeunesse dès la réunification en 1991. Trois ans plus tard, elle est ministre fédérale de l’Environnement, de la Protection de la nature et de la Sécurité nucléaire. En 1998, Helmut Kohl perd les élections. Le pouvoir passe aux sociaux-démocrates et la présidence de la CDU à Wolfgang Schäuble qui choisit Angela Merkel comme secrétaire générale. Cette dernière prend ses distances avec ses deux mentors lorsque, l’année suivante, ils sont compromis dans un scandale de financement illégal du parti.
« Das Mädchen » (« La gamine »), comme la surnommait Helmut Kohl – atteint, à 44 ans, un niveau de responsabilité qu’aucune femme avant elle n’a eu dans la CDU. Elle en devient la présidente en 2000 – un poste qu’elle conserve jusqu’en 2018 –, mais cède sa place de candidate pour les élections de 2002 à Edmund Stoiber. Ce dernier est battu et Angela Merkel prend la tête de l’opposition. En 2005, les élections législatives anticipées l’amènent au sommet du pouvoir, au sein d’une alliance atypique, rassemblant les démocrates-chrétiens et leurs adversaires socialistes.
Il faut cinq semaines d’âpres négociations pour que le social-démocrate Gerhard Schröder l’accepte à la tête de la grande coalition, alors que les socialistes font presque jeu égal avec les démocrates-chrétiens. À 51 ans, le 22 novembre 2005, Angela Merkel devient la plus jeune chancelière d’Allemagne – et aussi la première femme à occuper ce poste. Le lendemain, sa première visite officielle est pour la France et son président Jacques Chirac. Son premier invité est le nouveau président de la Namibie – ancienne colonie allemande –, Hifikepunye Pohamba.
**La deuxième personne la plus puissante du monde en 2012
Dès son premier mandat, Angela Merkel montre une identité politique complexe par-delà son attachement indéniable au libéralisme économique. Cette option lui sourit d’ailleurs, du moins jusqu’à la crise économique de 2008, lui permettant d’atteindre ses deux objectifs : relance de l’économie allemande et baisse du chômage. Pour autant, les inégalités se creusent et le chômage de longue durée reste à des niveaux élevés.
Elle affirme son intérêt pour l’Europe centrale et pour l’élargissement d’une Union européenne dont l’Allemagne deviendrait le centre de gravité. En 2009, son deuxième mandat s’ouvre sous le signe d’une nouvelle coalition avec la droite des Libéraux – elle est la première chancelière depuis Konrad Adenauer à avoir dirigé deux coalitions différentes. Ses positions sur l’immigration et l’échec du « modèle multiculturel allemand » comme sa défense du nucléaire en 2010 la placent résolument à droite. Après la catastrophe de Fukushima cependant, elle approuve la fermeture des centrales pour 2022, preuve s’il en est de sa capacité à surprendre et à évoluer.
L’Allemagne sort renforcée de la crise économique, se changeant pour un temps en gendarme financier de l’Europe. L’intransigeance d’Angela Merkel à l’égard de la crise grecque lui donne dans le sud de l’Europe une image d’arrogance qui contraste avec sa popularité en Allemagne, son mode de vie discret et sa capacité reconnue à faire des compromis dans la gestion des dossiers. En 2012, le magazine Forbes la considère comme la deuxième personne la plus puissante au monde après Barack Obama. L’année suivante, elle revient pour un troisième mandat de nouveau en coalition avec les sociaux-démocrates.
**Une usure du pouvoir toute relative
« Wir schaffen das » (« Nous allons y arriver »), affirme Angela Merkel le 31 août 2015, comme en écho au « Yes, we can » de la campagne de Barack Obama. En pleine crise européenne de l’accueil des migrants, elle vient de prendre unilatéralement la décision d’ouvrir les frontières, notamment aux demandeurs d’asile syriens. La parenthèse est de courte durée, et elle la paie d’une baisse momentanée de popularité. Entre-temps, l’Allemagne a accueilli dans le courant de l’année 1,1 million de réfugiés, un nombre sans commune mesure avec aucun autre pays européen.
Dans cette décision, entre bien sûr de la realpolitik : l’Allemagne est un pays à la natalité en berne et essaie d’attirer les personnes les plus qualifiées. Mais ce sont des considérations qui vaudraient dans d’autres pays d’Europe où les choix ont été parfaitement opposés. Certains ont pu voir aussi dans cette décision le souvenir ému d’une jeunesse Est-allemande, un sursaut de morale chrétienne et une certaine cohérence idéologique libérale, qui suppose d’accorder à l’autre la possibilité d’entreprendre et de refaire sa vie. À la toute fin de son troisième mandat, elle précipite le débat sur le mariage pour tous. Approuvée à une large majorité – Angela Merkel a voté contre, tout en se disant pour l’adoption par des couples homosexuels –, cette loi passée avant les élections prive les partis de gauche d’un de leurs thèmes de campagne. Sur les questions de mœurs, et notamment sur la pénalisation de l’incitation à l’avortement, elle oscille entre conservatisme et résignation.
En septembre 2017, le parti d’Angela Merkel continue à faire la course en tête, mais avec un score malgré tout historiquement bas. La question migratoire a fait monter l’extrême droite, mais sans comparaison avec les sommets atteints en France, par exemple, à l’élection présidentielle. Elle retarde la constitution d’une alliance tripartite, où écologistes et libéraux ne parviennent pas à trouver d’accord. C’est finalement une « grande coalition » qui prévaut, mais où les deux partenaires principaux, CDU et SPD, sont pareillement fragiles. Officiellement chancelière pour son quatrième mandat en mars 2018, Angela Merkel quitte la présidence de la CDU en septembre, après de nouveaux revers électoraux. Elle annonce aussi un mois plus tard, non sans émotion, qu’elle quittera la politique à la fin de son mandat, en septembre 2021. Jusqu’à cette échéance, elle sera restée, selon le magazine Forbes, la femme la plus puissante du monde.*RFi - Publié le : 08/12/2021
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La reine Elizabeth II est décédée à l’âge de 96 ans
- La reine Elizabeth II, monarque la plus célèbre de la planète, est décédée jeudi à 96 ans dans son château écossais de Balmoral
- «La reine est morte paisiblement à Balmoral cet après-midi. Le Roi et la Reine consort resteront à Balmoral ce soir et retourneront à Londres demain», a indiqué le palais de Buckingham dans un communiqué
LONDRES: 08 septembre 2022-
Monarque la plus célèbre de la planète, la reine Elizabeth II est morte jeudi à 96 ans dans sa résidence écossaise de Balmoral, ouvrant une nouvelle ère pour la couronne britannique à laquelle elle avait dédié sa vie.
La disparition de la souveraine, dont l’état de santé s’était dégradé depuis un an, a suscité une immense émotion au Royaume-Uni et dans le monde. Son fils et héritier accède au trône à 73 ans avec le nom de Charles III.
« La reine est morte paisiblement à Balmoral cet après-midi. Le Roi et la Reine consort resteront à Balmoral ce soir et retourneront à Londres demain », a indiqué le palais de Buckingham dans un bref communiqué.
Symbole de stabilité ayant traversé imperturbable les époques et les crises, elle avait côtoyé, depuis la mort de son père George VI en 1952 alors qu’elle n’avait que 25 ans, Nehru, Charles de Gaulle ou Mandela qui l’appelait « mon amie ».
Sur le trône, elle a assisté à la construction puis la chute du mur de Berlin, et a rencontré 12 présidents américains.
Elle venait de nommer mardi son 15e Premier ministre, Liz Truss, occasion d’une dernière photo, frêle et souriante, appuyée sur une canne.
Tout au long de son règne de 70 années, le plus long de l’histoire britannique, elle a rempli son rôle avec un sens du devoir inébranlable.
Elle avait su garder au fil des crises traversées par son royaume et la royauté, un soutien massif des Britanniques, venus par dizaines de milliers pour l’apercevoir quelques minutes sur le balcon du palais de Buckingham en juin dernier pour son jubilé de platine, célébrations de ses 70 ans de règne aux allures d’adieu.
«Aimée dans le monde entier»
« Je me sens très triste, j’ai l’impression que ma grand-mère est morte », réagit Tonnie Cunningham, 35 ans, interrogée par l’AFP dans les rues de Londres.
« C’est la seule monarque que j’aie jamais connue », observe Margaret Caselton, 75 ans, « extrêmement triste ».
Les télévisions et radios ont interrompu leurs programmes pour annoncer le décès de la souveraine, veuve depuis le décès en avril 2021 de son époux Philip.
Des portraits d’Elizabeth II au sourire bienveillant s’affichent en Une des sites des médias britanniques. « Goodnight Ma’am », titre The Sun. « La reine meurt paisiblement à l’âge de 96 ans, après 70 ans de service remarquable laissant La Grande-Bretagne et le monde en deuil », écrit le tabloïd.
The Times rend hommage à la monarque dont « le règne a été marqué par un engagement inébranlable envers son peuple et son pays ». « Thank you Ma’am… for everything », écrit le Daily Mirror alors que le Telegraph titre simplement: « La famille royale et la nation en deuil ».
« Le décès de ma mère bien-aimée, Sa Majesté la Reine, est un moment de très grande tristesse pour moi et tous les membres de ma famille », a déclaré le nouveau roi Charles III dans son premier communiqué comme souverain. « Nous pleurons profondément la disparition d’une souveraine chérie et d’une mère bien aimée. Je sais que sa perte sera profondément ressentie dans tout le pays, les royaumes et le Commonwealth, ainsi que par d’innombrables personnes dans le monde entier ».
Charles s’était rendu dans la matinée à Balmoral dès que le palais avait fait état d’une dégradation de l’état de santé de la monarque, rejoint dans la journée par sa soeur Anne puis en fin d’après-midi ses frères Andrew et Edward, accompagnés du nouvel héritier du trône William. L’épouse de ce dernier, Kate, était restée à Windsor avec leurs trois enfants qui commençaient l’école.
Le prince Harry, fils cadet de Charles, est arrivé dans la soirée, sans son épouse Meghan. Le couple qui vit en Californie devait participer jeudi soir à une cérémonie à Londres.
Sur le perron du 10, Downing Street, la Première ministre a rendu hommage à une souveraine « aimée et admirée dans le monde entier ». « La mort de Sa Majesté constitue un choc énorme pour la nation et le monde », a-t-elle souligné, appelant les Britanniques à « s’unir » derrière le nouveau roi, avec lequel elle s’est entretenue une première fois.
À l’étranger, les hommages ont afflué, des dirigeants politiques et des têtes couronnées. Emmanuel Macron a salué « une amie de la France, une reine de cœur » ayant « marqué à jamais son pays et son siècle ». Joe Biden, reçu par Elizabeth II l’an dernier, a rendu hommage à « une femme d’Etat d’une dignité et d’une constance incomparables », tandis que Vladimir Poutine a souligné son « autorité sur la scène mondiale ».
Une minute de silence a été observée au Conseil de Sécurité de l’ONU. La tour Eiffel n’a pas scintillé à chaque heure dans la soirée. Les drapeaux de la Maison Blanche, des bâtiments publics aux Etats-Unis, des ambassades, des bases militaires et des navires de guerre seront mis en berne jusqu’au jour des funérailles d’Elizabeth II, au coucher du soleil.
–L’ORDRE DE SUCCESSION AU TRÔNE BRITANNIQUE
Voici l’ordre de succession au trône britannique après la mort d’Elizabeth II:
1. Le prince William, duc de Cambridge. Né le 21 juin 1982, fils aîné de Charles.
2. Le prince George de Cambridge. Né le 22 juillet 2013, fils aîné du prince William.
3. La princesse Charlotte de Cambridge. Née le 2 mai 2015, fille du prince William.
4. Le prince Louis de Cambridge. Né le 23 avril 2018, deuxième fils du prince William.
5. Le prince Harry, duc de Sussex. Né le 15 septembre 1984, deuxième fils du prince Charles.
6. Archie Mountbatten-Windsor. Né le 6 mai 2019, fils aîné du prince Harry.
7. Lilibet Mountbatten-Windsor. Née le 4 juin 2021, fille du prince Harry.
8. Le prince Andrew, duc d’York. Né le 19 février 1960, deuxième fils de la reine Elizabeth.
9. La princesse Beatrice d’York. Née le 8 août 1988, fille aînée du prince Andrew.
10. Sienna Elizabeth Mapelli Mozzi. Né le 18 septembre 2021, fille de la princesse Beatrice.
11. Le princesse Eugenie d’York. Née le 23 mars 1990, deuxième fille du prince Andrew.
12. August Brooksbank. Né le 9 février 2021, fils d’Eugenie.
13. Le prince Edward, comte d’Essex. Né le 10 mars 1964, troisième fils de la reine Elizabeth.
14. James Mountbatten-Windsor, vicomte Severn. Né le 17 décembre 2007, fils du prince Edward.
15. Lady Louise Mountbatten-Windsor. Née le 8 novembre 2003, fille du prince Edward.
16. La princesse Anne, princesse royale. Née le 15 août 1950, fille de la reine Elizabeth.
17. Peter Phillips. Né le 15 novembre 1977, fils de la princesse Anne.
18. Savannah Phillips. Née le 29 décembre 2010, fille aînée de Peter Phillips
19. Isla Phillips. Né le 29 mars 2012, deuxième fille de Peter Phillips
20. Zara Tindall. Née le 15 mai 1981, fille de la princesse Anne.
21. Mia Tindall. Née le 17 janvier 2014, fille aînée de Zara Tindall
22. Lena Tindall, née le 18 juin 2018, deuxième fille de Zara Tindall.
23. Lucas Tindall. Né le 21 mars 2021, fils de Zara Tindall.
Billets et timbres
La mort de la souveraine, qui avait limité les apparitions depuis une nuit à l’hôpital en octobre 2021 et avait reconnu des difficultés à se déplacer, ouvre une période de deuil national, jusqu’à ses funérailles dans une dizaine de jours.
Elizabeth Alexandra Mary Windsor n’était pas destinée à devenir reine à sa naissance, le 21 avril 1926. Mais fin 1936, son oncle Edouard VIII abdique, préférant épouser Wallis Simpson, une Américaine deux fois divorcée.
Le père d’Elizabeth devient alors le roi George VI et elle devient héritière de la Couronne. Le 6 février 1952, alors qu’elle effectue un voyage au Kenya, elle apprend la mort de son père, d’un cancer, à 56 ans. Elle retourne immédiatement au Royaume-Uni, puis est couronnée le 2 juin 1953.
Elizabeth II était à sa mort cheffe d’État de 15 royaumes, de la Nouvelle-Zélande aux Bahamas, qu’elle a parcourus au fil de son règne, toujours vêtue de tenues assorties, souvent de couleurs vives.
Elle est surtout pour l’immense majorité de ses sujets la seule souveraine qu’ils aient jamais connue, présente sur les billets de banque, les timbres (qui vont devoir changer de visage) et soumise à l’attention permanente des tabloïds.
Unité du royaume
Elle a préservé l’institution malgré plusieurs crises, parmi lesquelles la mort en 1997 à Paris de l’ex-femme de Charles, Diana, pourchassée par des paparazzis. Elizabeth II avait été accusée de manquer de compassion face à l’immense émotion suscitée par la disparition de « la princesse du peuple ».
Elle a aussi gardé le silence face aux accusations d’agressions sexuelles visant son fils Andrew, qui y a mis fin en mars dernier en déboursant des millions de dollars, et est restée stoïque face aux allégations de racisme visant la famille royale, de la part de son petit-fils Harry et de son épouse Meghan Markle.
L’avenir de la monarchie s’annonce plus compliqué avec Charles, à la popularité bien plus faible. Les Britanniques lui préfèrent le prince William, désormais héritier de la couronne, et son épouse Kate.
Il accède au trône à un moment où l’unité du Royaume-Uni se fissure, sous l’effet du Brexit, qui a réveillé les velléités d’indépendance de l’Écosse et les tensions communautaires en Irlande du Nord. Dans les ex-colonies britanniques restées des royaumes, les critiques se font aussi vives sur le passé colonialiste et les velléités républicaines se renforcent.
** arabnews.fr/08 septembre 2022
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